La semaine dernière, je suis allée 3 fois au cinéma, chose qui ne m'était pas arrivée depuis, pfiou... J'ai déjeuné avec des copines dans un nouveau restaurant. Je me suis baladée sous le froid soleil de février. J'ai (déjà) cherché une jupe patineuse/printanière que je n'ai pas trouvée. Et c'était bon. Parce que for the first time in forever (je connais mes classiques, merci I*), je n'ai pas regardé ma montre, je n'ai pas senti la boule de culpabilité monter quand j'ai vu qu'il était déjà 15h, je n'ai pas entendu la petite voix de ma conscience me murmurer que je ferais mieux de rentrer bosser. J'étais libre. Euh, je veux dire, j'étais liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiibre!
J'ai mis un peu de temps à relâcher la pression, mais maintenant quand je rentre chez moi, je suis plus sereine pour m'occuper de mes marmots, je regarde "Chasseurs d'appart" sans m'en vouloir de perdre du temps avec des bêtises, je fais du vélo d'appartement (en complément de la zumba, attention, je deviens sportive), je lis ce que je veux, quand je veux, sans penser "utile" (en ce moment c'est "Americanah" de Chimamanda Ngozi Achidie et c'est vachement bien)
Mais peut-être que toi, l'unique personne qui me lit, tu veux quand même savoir ce qu'il se passe APRES. Après les années de boulot, le sang versé lors de la phase de rédaction, les 20 000 "J'y arriverai jamais", les 4 heures de soutenance et les petits fours du pot. Parce quand il n'y en a plus, il y en a encore, bien sûr.
D'abord je me suis fait qualifier. Non, je ne parle pas des JO, mais de la procédure à suivre si tu veux qu'on te déclare apte à devenir Maître de conférences. Tu dois remplir un dossier en double exemplaire (car deux personnes différentes, appelées "rapporteurs" le liront) expliquant dans quelle "section" tu veux être qualifiée (ta spécialité, quoi: Littérature comparée, Droit public, Histoire, Chinois, que sais-je) et joindre un CV détaillé avec la liste de tous tes enseignements (vas-y pour te rappeler du nombre d'heures de TD d'expression écrite tu as données il y a 8 ans), de tes communications et articles et de tes responsabilités administratives, ainsi que ta thèse et quelques articles qui montrent que tu es une super chercheuse.
J'ai donc été qualifiée, ce qui voulait dire que j'avais le droit d'être candidate sur des postes de MCF dans ma spécialité.
Il faut savoir que chaque spécialité est divisée en sous-spécialités, en l'occurrence civilisation, littérature, didactique, cinéma, LEA, LANSAD (oui le monde de la fac est plein de sigles abscons), et en sous-sous spécialités (civilisation britannique contemporaine, litttérature américaine du 19ème siècle, théâtre shakespearien, anglais juridique etc etc).
A l'heure actuelle, il y a UN poste dans ma sous-sous-spécialité à moi. A 4h37 en voiture de chez moi, si j'en crois Mappy. Ou à 6h de train et deux changements de gare. En général, les aspirants Maîtres de conf' postulent sur tous les postes de leur spécialité, plus d'autres pour lesquels ils ont a priori moins le profil (un littéraire sur un poste LEA, par exemple), parce que sur un malentendu ça peut marcher. Mais bien sûr, ils font aussi attention à la zone géographique: ça ne sert à rien de postuler à Rennes si on habite Nice et qu'on ne veut pas bouger du Sud, par exemple. Et accumuler les heures de train (devenir un "turbo prof" ou "prof TGV") est fatigant sur le long terme (en plud d'être soumis aux aléas de la SNCF), ce qui explique d'ailleurs que lors des entretiens, la question "Comptez-vous vous installer ici?" soit récurrente.
Personnellement je n'ai rien contre la ville où se trouve le poste, a priori. Mais on a acheté une maison où on est bien. Et dans l'hypothèse où j'obtiendrais le poste, Chéri ne pourrait (enfin ne voudrait, mais je suis d'accord avec lui) pas tout plaquer pour me suivre. Et je ne peux décemment pas faire 12h de train aller-retour pour aller bosser, même en restant quelques nuits à l'hôtel, parce que je déprimerais et que je risquerais de ne pas être performante au boulot. Sans compter qu'avec un mec qui rentre à 20h tous les soirs, "qui va garder les enfants?", comme dirait ce macho de Fabius, entre la sortie de l'école et l'heure où il peut les récupérer, si je suis à l'hôtel à Pétaouchnok? Bref exit le poste dans ma sous-sous spécialité.
Mais alors il me reste quoi?
Ben rien, je ne suis pas mobile. Mais je le savais depuis le départ, c'était un choix, donc je ne suis pas vraiment déçue.
Enfin si, il y a bien quelque chose. Un poste qui n'est pas tout à fait dans mon profil, mais pour lequel j'ai déjà une petite expérience. Et qui est intéressant à plus d'un titre. Le premier étant qu'il se trouve à Maville.
Alors j'ai posé ma candidature. Encore une fois, mon dossier va être examiné par 2 personnes différentes, qui diront au comité de sélection si elles estiment qu'il est intéressant ou non. S'il plaît aux rapporteurs et aux autres membres du comité, j'irai à une audition. Si d'aventure, sur un malentendu, comme je le disais plus haut, je me vends bien lors de cette audition, je serai "classée" (1ère, 2ème, 3ème, etc. Parfois on n'est même pas classé du tout) parmi les autres candidats qui auront plu au comité. Si j'ai encore plus de chance, je serai première et je serai Maître de conférences.
Affaire à suivre...
